J’ai été une fumeuse relativement tardive. Au fond de moi, je sentais que j’avais potentiellement un terrain à devenir addict, j’en avais peur, donc j’ai résisté le plus longtemps possible. J’ai commencé à fumer quelques cigarettes d’autres personnes, en soirée, à 16 ans. À 18 ans, j’ai acheté mes propres paquets, que je fumais uniquement en soirée toujours. À 20 ans, en entrant en école de commerce, j’ai commencé à fumer quelques cigarettes aussi la journée. Pour moi, la cigarette était synonyme de liberté et d’indépendance : je n’étais plus obligée de respecter les règles de parents, j’étais majeure et libre de faire ce que je voulais. J’adorais ce sentiment.
Pendant des années, je n’ai pas dépassé 5 cigarettes par jour. J’ai même arrêté une année complète (l’année de mes 26 ans je crois) mais j’ai repris. Par la suite, j’ai commencé à utiliser la cigarette comme un moyen de gérer mon stress et ma fatigue (ou plutôt : lutter, “tenir” comme je pouvais dans ce contexte). C’était ma “béquille” quand ça n’allait pas. Progressivement, je suis allée jusqu’à 15 cigarettes par jour, rythme tenu pendant plusieurs mois, voire une paire d’années (2022/2023).
À ce stade, j’ai atteint un certain niveau de mal-être. Moi qui me voyais comme une personne plutôt sportive, je m’essoufflais après quelques pas dans une montée. Ça me faisait honte et créait une dichotomie en moi : ma réalité physique ne correspondait pas à l’image que j’avais de moi. J’appréhendais d’aller au cinéma ou des situations similaires où je ne pourrais pas fumer pendant 2 heures complètes. Je me sentais comme dans une prison. À ce stade, la cigarette était devenu l’opposé de ses débuts : j’étais l’inverse de libre, j’étais accro, sans parvenir à y faire quoi que ce soit tellement j’étais fatiguée, stressée et en épuisement mental chronique à cette époque (c’était surtout l’année où j’ai écrit mon premier livre).
J’avais aussi régulièrement des mots de ventre après avoir fumé, comme s’il devenait acide. Et il m’est arrivé plus d’une fois d’avoir envie de vomir après avoir fumé aussi. À cette époque, fumer était la première chose que je faisais au réveil, même s’il était 6h ou 7h du matin. C’était aussi la dernière chose que je faisais le soir, juste avant de me coucher (et j’emportais le goût du tabac et la nausée au lit). Il m’est même arrivé de me relever 15 minutes après m’être couchée pour en fumer “une dernière” car je n’arrêtais pas d’y penser depuis que j’étais dans mon lit et je n’arrivais pas à m’endormir à cause de ça. J’avais honte d’être aussi accro mais c’était comme ça.
Mais au fond de moi, je savais que je voulais arrêter. Et j’ai fini par y arriver. Durablement qui plus est (enfin je pense et j’espère). Dans cet article, je te raconte comment je m’y suis prise.
1. J’ai arrêté de fumer puis repris plusieurs fois
Mon arrêt de la cigarette ne s’est pas fait en une seule fois. J’ai arrêté plusieurs fois avant l’arrêt “final” (dans lequel je considère être aujourd’hui). Je ne me rappelle pas combien de fois exactement. Au moins deux fois avant celle-ci, c’est sûr. Mais je crois qu’il y a eu une troisième au milieu, je ne sais plus. Sans compter les fois où j’ai arrêté pendant 1, 2 ou 3 mois (mes autres arrêts ont duré 1 an pour le premier, 9 mois pour le deuxième, et je ne sais plus pour le potentiel troisième).
a. Mes raisons d’arrêter ont été différentes à chaque fois
Arrêter de fumer pour économiser de l’argent
La première fois que j’ai arrêté, c’était pour des raisons économiques. Je trouvais dommage de dépenser mon argent là-dedans. D’autant que je cherchais à économiser au maximum, chaque mois, pour un futur tour du monde que je voulais faire. À cette époque, je dépensais environ 30 euros par mois en cigarettes (j’étais déjà passée des blondes aux roulées pour réduire la dépense).
Arrêter de fumer pour préserver ma voix
Quand j’étais en école de commerce, j’ai dû voir une phoniatre (médecin de la voix) car je toussais beaucoup, je perdais ma voix et cela durait. Bon, avec le recul, je pense que c’est juste que j’attrapais froid à répétition aux soirées étudiantes, sans me soigner correctement (et fumer n’arrangeait pas les choses). Quoi qu’il en soit, cette phoniatre (qui était extrêmement désagréable, soit dit en passant) m’a fait peur en me disant que je risquais de perdre ma voix pour toujours et de ne plus pouvoir chanter (alors que le chant est un de mes hobbies).
Je ne sais plus si je l’ai écoutée tout de suite ou si c’était plus tard. Ce dont je me souviens, c’est qu’après mes études, alors que je vivais à Paris, j’ai fait 2 cours de chant collectifs et j’ai réalisé que les notes aiguës étaient difficiles pour moi à cause de ma voix voilée par la cigarette.
Je ne sais pas pourquoi à moi ça fait ça, alors que j’ai une amie qui fume beaucoup et qui parvient très bien à faire ces notes (peut-être une question de technique), ou même que certains chanteurs de renommée internationale étaient de grands fumeurs.
En tout cas, ma voix était importante pour moi, pour pouvoir chanter. J’ai donc arrêté pour cette raison-là à un moment.
Arrêter de fumer pour me sortir de la prison de l’addiction et aligner ma réalité physique avec ma vision de moi
Ça, c’était l’avant-dernière fois. Mais c’est encore valable pour l’ultime fois où j’ai arrêté (j’avais malheureusement re-craqué entre temps). Là, j’étais vraiment dans l’addiction. Elle me contrôlait, ce qui était beaucoup moins le cas les fois d’avant. Ma raison d’arrêter à ce stade était beaucoup plus profonde et importante pour mon bien-être, et je crois que c’est ça qui a fait que j’ai trouvé la force d’arrêter durablement. Car je ne souhaite pas retrouver un tel mal-être.
b. À chaque fois, j’ai arrêté de fumer du jour au lendemain
Changer d’identité : de fumeuse à non-fumeuse
Les quelques fois où j’ai essayé de “réduire ma consommation” (dans l’idée de descendre jusqu’à 0), je trouvais ça très difficile et je m’y tenais rarement, la tentation était trop forte.
J’ai toujours préféré être radicale en “changeant d’identité” : du jour au lendemain, je décidais de devenir “une personne non fumeuse”. L’entre-deux était trop douloureux pour moi. Alors qu’en arrêtant d’un coup et en décidant qu’à partir de ce jour, je n’étais plus fumeuse, c’est mon être entier qui transformait son approche de la vie et du quotidien : puisqu’un non-fumeur ne pense pas à la cigarette, et qu’à présent j’étais non-fumeuse, alors je devais simplement rediriger mon attention.
Dès que je pensais à la cigarette, je redirigeais mon attention vers autre chose
Peut-être que le fait que je méditais à l’époque m’a aidée. Car la méditation consiste à ramener sans cesse son attention sur son souffle (enfin c’est une des formes de méditation en tout cas). Donc je faisais pareil : quand je pensais à la cigarette, je détournais mes pensées vers autre chose.
À chaque jour qui passait, j’y pensais moins. Jusqu’à ne plus y penser du tout, à part quelques rares fois. L’idée de fumer s’était juste envolée de mon esprit.
Remplacer les pauses clopes par autre chose
Ça a été plus difficile les deux dernières fois, quand j’étais davantage accro, avec un tabac bien plus présent dans ma vie. L’envie de fumer était bien plus présente quand j’arrêtais radicalement. Mais aussi l’histoire que je me racontais : une voix me disait “tu as besoin de fumer pour réussir à te détendre”. Une part de moi s’était convaincue que j’avais besoin de la cigarette, que sans ça, je ne pouvais pas améliorer mon bien-être sur le coup. Ça, c’est l’addiction qui parle.
Car il n’y a rien de naturel à la cigarette. Ce n’est pas comme l’air, que tout être humain a besoin de respirer. Ou l’eau, la nourriture, le fait d’aller aux toilettes, le lien social. Ça, ce sont des choses dont l’être humain a besoin pour vivre. Mais on ne naît pas avec un besoin de mettre de la fumée dans nos poumons, et encore moins de la fumée toxique pleine de trucs cancérigènes.
En revanche, une fois qu’on commence, à cause des principes addictifs, cette voix se crée en nous et vient nous faire croire qu’on a besoin de ça. Et effectivement, on en a “besoin” parce que notre corps a reçu une substance qui le rend accro et qui fait qu’il en redemande car c’est désagréable d’en être dépourvu. Mais c’est un “faux besoin”, pas un besoin vital. Et donc ça veut dire qu’il ne va rien nous arriver si on arrête complètement la cigarette du jour au lendemain (ce qui n’est pas pareil avec l’alcool et d’autres drogues où il peut y avoir des conséquences physiques graves au fait d’arrêter, à surveiller).
Tout ce qu’il faut, c’est dire “non”, encore et encore, à cette envie de fumer. Et à chaque fois qu’on dit “non”, ça réduit la demande du corps de recevoir cette substance. C’est un sevrage. Je dirais que le plus dur sont les 3 – 4 premiers jours. Ensuite, il faut environ 3 semaines pour arrêter de penser à la cigarette quotidiennement.
Ce que j’ai fait, pendant ces 3 premières semaines, c’était de trouver des façons de remplacer mes pauses clopes. Voici ce que j’ai trouvé comme occupations de remplacement :
- Faire de la musique (je chante en m’accompagnant au piano ou à la guitare) ;
- Faire du rangement / ménage en écoutant un podcast (important pour avoir l’esprit occupé et penser à autre chose) ;
- Lire un livre ;
- Écrire ou répondre à des amis par message, voire appeler quelqu’un ;
- Sortir quelques minutes prendre l’air sur mon balcon en regardant le paysage, la couleur du ciel, en écoutant les oiseaux et en sentant les odeurs (même si je suis en ville, il y a tout ça 😊) ;
- Sortir faire une mini balade dehors en écoutant un podcast ;
- Scroller sur Instagram.
Certes, ce dernier ne paraît pas très sain. Mais c’est déjà suffisamment difficile de résister à l’envie de fumer donc, à mes yeux, il vaut mieux faire ça, si ça aide dans ce moment, plutôt que de se forcer à faire un truc plus “sain” mais pendant lequel on n’arrive pas à décrocher de la pensée qu’on veut fumer. Car si on continue d’y penser, on a beaucoup plus de chances de finir par craquer et aller acheter un paquet, ce que j’ai fait maintes et maintes fois alors que je m’étais dit “après ce paquet, j’arrête”. Mais tous les moments ne sont pas bons pour arrêter, il faut être prêt et décidé. Ça ne sert à rien d’essayer à n’importe quel moment car on va juste enchaîner les échecs, baisser notre estime de nous, donc notre force intérieure / volonté et ça rendra l’arrêt d’autant plus difficile.
Mon identité de non-fumeuse me faisait résister quand j’étais avec des fumeurs
L’une des choses les plus difficiles, quand on arrête, ce sont les contextes où l’on se retrouve avec des fumeurs. L’odeur de la cigarette, ou le fait de voir fumer d’autres gens, peut donner envie de refumer soi-même.
Mais puisque j’avais commencé par “changer d’identité” et que je ne me voyais plus comme une fumeuse, alors j’avais une réaction de non-fumeuse :
- Soit j’étais indifférente et je discutais avec mes amis sans vraiment faire attention à leur cigarette (ou sans me sentir attirée par elle) ;
- Soit j’étais carrément dégoûtée par l’odeur, je n’avais pas envie de me prendre de la fumée dans les narines, ni de me geler les doigts de pieds dehors, et je restais à l’intérieur, avec les autres non-fumeurs.
c. Ce qui a fait que j’ai (malheureusement) repris après avoir réussi à arrêter
Je voulais retrouver la sensation (ou peut-être ma liberté, ou peut-être me sentir intégrée, ou peut-être me rassurer)
Après un arrêt d’un an complet sans fumer, j’ai repris pendant mon voyage en Amérique Latine. C’était le 4 juillet 2018. Je me rappelle de la date précise puisque le 4 juillet est une fête nationale aux Etats-Unis et que j’étais dans un groupe largement constitué d’Américains. Nous avions donc organisé une soirée et bu.
Personne ne fumait à part un des Américains. Quand je l’ai vu fumer, ça m’a donné envie. Je ne me rappelle pas exactement ce qui m’a poussée à craquer. Était-ce juste que j’avais bu et que ma volonté a flanché ? Mais pourquoi n’avais-je pas craqué toutes les fois d’avant ?
Était-ce que je venais de quitter ma vie à Paris, de traverser l’Atlantique et de me retrouver dans une situation plus stressante ? J’étais en Bolivie, un pays que je ne connaissais pas, pour une expérience nouvelle – le nomadisme digital, avec des gens que je ne comprenais qu’à 60% quand ils parlaient entre natifs. Tout cela m’avait fait perdre ma base, ma fondation. Et bien que j’étais excitée à l’idée de vivre cette aventure, peut-être qu’elle m’angoissait tout autant qu’elle m’enthousiasmait. La cigarette a peut-être été un moyen de me rassurer, me réconforter, car elle a souvent eu ce rôle par la suite.
Était-ce parce que j’avais du mal à trouver ma place dans ce groupe et que c’était un moyen de connecter avec quelqu’un d’autre ?
Honnêtement, je ne sais pas. Après 2 cigarettes ce soir-là, j’ai réussi à ne pas reprendre pendant 2 ou 3 mois. Mais j’ai re-craqué quand je suis arrivée au Mexique. Je ne sais pas pourquoi c’est à ce moment-là que j’ai repris à 100%. Je me rappelle qu’il y avait cette fille qui, elle aussi, avait arrêté un temps mais venait de reprendre. Sa liberté de fumer m’a donné envie. D’autant que les paquets ne coûtent pas très cher au Mexique.
Peut-être aussi était-ce en lien avec un sentiment d’être enfin arrivée là où je voulais. Comme un relâchement, un “ouf”. Un peu cette liberté que j’avais ressentie au début de mes études en quittant le foyer familial. Car, depuis que je voulais partir en Amérique Latine, le Mexique était mon objectif (mais j’ai passé 3 mois en Bolivie, au Brésil et en Argentine d’abord). Je m’étais dit “3 jours après avoir posé les pieds sur le sable Mexicain, j’aurai accompli tous les rêves de ma vie et je pourrai mourir tranquille, si jamais ça arrivait”. J’étais même en stress dans l’avion, qu’il se crashe avant d’arriver là-bas. Mais nous sommes arrivés (heureusement haha) et j’étais alors dans la visualisation que j’avais faite quelques mois plus tôt de “ma vie idéale” : soleil, chaleur, sable, tropiques, un travail indépendant (de blogueuse) que je suis libre de faire comme je veux et de n’importe où…
Je suis restée 3 mois au Mexique et ma consommation de cigarettes les mois 2 et 3 est montée en flèche. À ce moment, je n’étais plus avec le groupe de Digital Nomads avec lequel j’étais jusqu’à présent. Je me suis retrouvée seule avec un double stress :
- C’était le moment où je devais créer ma toute première formation en ligne payante, pour gagner de l’argent avec mon activité de blogueuse. J’avais une certaine pression car l’enveloppe de 10 000€ que j’avais économisée pour ce voyage arrivait à sa fin et qu’il fallait que j’arrive à faire la transition entre cet argent et l’argent entrant de la future formation, pour pouvoir continuer ma vie de nomade (spoiler alert : je n’ai pas réussi et je suis rentrée en France chez mes parents pendant 1 an et demi) ;
- J’étais angoissée car j’avais peur de me sentir seule. J’ai redoublé d’effort pour m’assurer de me créer une vie sociale, en anticipation de cette peur-là.
Ce qu’on voit, dans les différentes raisons pour lesquelles j’ai fumé ou repris, c’est que j’ai souvent associé la cigarette à une sensation : soit la sensation de liberté et de “vivre ma meilleure vie”, soit la sensation de réconfort face au stress, ou un “réconfort après l’effort”. Je fumais une cigarette dès que je rentrais chez moi après être sortie par exemple, pour “me poser” avant de continuer ma journée (mais il existe plein de façons de “se poser” autre que fumer une cigarette 😉 ne serait-ce que passer les mêmes 5 minutes, assise sur mon balcon en regardant le paysage, ça pose autant que si j’avais la cigarette en bouche).
J’ai craqué sous la pression de quelqu’un d’autre
Après mon deuxième gros arrêt de 9 mois, je suis allée à la fête annuelle du village dans lequel ma famille a une maison secondaire. J’y ai rencontré quelqu’un qui me plaisait et à qui je plaisais. Il me taquinait. Une de ses taquineries était de me dire “Allezzz, une petite clope ?”. C’est vrai que c’était pas très cool de sa part de m’inciter alors que j’avais réussi à arrêter 9 mois. Mais sur le moment, comme mon égo ne voulait pas craquer “à cause de lui” et avouer ma faiblesse, j’ai repris le contrôle en disant “Je sais que je vais en fumer une à un moment donné mais pas pour l’instant”. Ainsi, c’était moi qui “décidait” quand j’allais craquer sur cette première cigarette.
Et ainsi ai-je créé ma propre prophétie auto-réalisatrice. J’ai résisté toute la soirée, toute la nuit, malgré l’alcool et l’ambiance festive. Et c’est le lendemain matin, après un temps de sommeil extrêmement limité, et donc un taux de fatigue très élevé, que j’ai craqué, que je me suis autorisé cette cigarette. Et ainsi ai-je repris complètement la cigarette, du jour au lendemain, sans transition.
M’autoriser une taffe, puis 1 cigarette unique, puis 3, puis racheter un paquet
Certaines fois, je commençais à arrêter de fumer. Puis j’allais à une soirée, j’avais du mal à résister en voyant un ami fumer, je lui taxais une clope. Et même plusieurs. Ça me gênait d’être une gratteuse mais c’était un moyen d’auto-préservation : je savais que si j’achetais un paquet complet, je n’arriverais pas à me retenir de le fumer avant la prochaine soirée.
Pourtant, j’ai déjà essayé de rendre l’accès difficile en scotchant mon paquet pour ne pas pouvoir prendre une cigarette facilement dedans, et en le cachant derrière d’autres choses à un étage auquel je ne peux accéder qu’avec un tabouret 😂. Mais rien ne résistait à l’addiction…
Après, j’ai découvert une combine pour acheter des cigarettes à l’unité. Bon clairement, c’est une pratique illégale 😬. Pratique qui m’a à la fois sauvée et fait retourner dans le cercle vicieux. “Sauvée” parce que ça m’a permis de craquer à moindre mesure : j’ai retardé de quelques jours ou semaines le moment où j’achetais un paquet. Mais c’est aussi parce qu’il m’était possible d’acheter des cigarettes à l’unité que je m’autorisais à en fumer “juste une”. Je tenais une semaine comme ça. Puis je passais à 2 par jour. Puis 3. Puis quand je commençais à avoir envie d’augmenter, je considérais que ça serait plus économique de me racheter des paquets de roulées, et pof, je redevenais progressivement une fumeuse quotidienne à 15 cigarettes par jour.
2. Le livre qui a tout changé : “La Méthode simple pour en finir avec la cigarette” d’Allen Carr
En 2022, des copines m’ont parlé du livre “La Méthode simple pour en finir avec la cigarette” d’Allen Carr. Elles étaient plusieurs à avoir “magiquement” arrêté de fumer grâce à ce livre (depuis, certaines ont repris et certaines non).
J’ai gardé ce livre en tête. Je me suis dit que, le jour où je voudrais arrêter de fumer, ce serait celui-là que je lirais.
a. J’ai attendu de me sentir 70% prête avant d’arrêter
En 2022, j’ai vécu beaucoup d’épuisement mental car le travail d’écriture de mon livre Comment Vivre De Ses Livres Grâce À L’Auto-Édition était très laborieux. J’ai pris 7kg car mon corps demandait sans cesse des pâtes, du fromage, des Doritos et du Nutella, tellement il était épuisé. J’ai dû prendre des vacances plusieurs fois car mon cerveau était à bout de souffle. Et moi j’étais à fleur de peau, je pleurais pour pas grand-chose, et j’avais des sessions de grosses larmes qui ne s’arrêtaient pas.
Dans ce contexte, la cigarette était mon soutien, ma “béquille”. Tout était déjà si difficile que je ne pouvais pas m’arrêter de fumer à ce moment-là. Je luttais au quotidien et la cigarette était mon seul moyen de tenir (en tout cas c’est l’impression que j’avais) : je faisais des pauses clopes pour me redonner du courage et de la motivation, pour faire une pause avant de repartir faire ce travail laborieux.
Je me répétais “Je sais que je veux arrêter de fumer mais je le ferai quand j’aurai récupéré un peu de force et de volonté”. Un jour de septembre 2022, après un peu plus de repos durant l’été, j’ai senti que ma fatigue avait baissé et que j’aurais davantage la force d’arrêter.
Je ne me sentais pas prête à 100%, puisqu’il y avait encore de la fatigue. Et puis la perspective d’arrêter reste difficile car on va devoir se priver de quelque chose qu’on aime. Mais on le fait pour son bien et on sait qu’on se sentira mieux, après une période de sevrage où on devra lutter contre l’envie (au final, j’ai réalisé qu’on se sent mieux dès les premiers jours, du fait d’avoir moins d’effets physiques liés à la cigarette excessive, comme les maux de ventre ou la nausée).
Je ne crois donc pas qu’il faille attendre d’être prêt à 100%, mais à un pourcentage suffisant pour se sentir la force de le faire. Moi j’estimais ça à 70% quand j’ai acheté le livre.
b. J’ai continué à fumer pendant que j’écoutais le livre audio
J’ai décidé d’écouter le livre au format audio, en utilisant le mois d’essai d’Audible, plutôt que de le lire sur papier. Ainsi, je pouvais l’écouter pendant mes pauses clopes sur le balcon, pendant que je faisais ma vaisselle, le ménage, que je marchais pour me rendre quelque part… Je me disais que je le “lirais” plus vite de cette manière que par écrit où il aurait fallu que je me pose exprès à chaque fois, et que je ne sois pas trop fatiguée pour lire. Je préférais mettre toutes les chances de mon côté.
Mon but était de commencer à me faire à l’idée d’arrêter de fumer en écoutant ce livre. Honnêtement, j’étais un peu sceptique vis-à-vis du livre. Après tout, j’avais déjà réussi à arrêter de fumer par moi-même, donc je me demandais ce que l’auteur pourrait m’apprendre de plus. J’avais peur d’être déçue par un livre qui raconterait une énième fois des choses qu’on sait déjà et de me retrouver pas plus avancée à la fin, toujours seule face à moi-même.
Mais à la fois, j’avais envie de me laisser convaincre. J’avais envie que ce livre m’aide. Je me rappelle même formuler des petites “prières” avant d’attaquer le livre, du style “S’il-te-plaît, convaincs-moi car j’ai vraiment envie de réussir à arrêter de fumer”. En l’écoutant, mon but n’était donc pas de chercher toutes les failles et les objections à ce qu’il disait, mais plutôt de boire ses paroles et d’inciter mon cerveau à se laisser convaincre par les arguments.
L’auteur lui-même recommande de ne surtout pas arrêter de fumer avant d’avoir terminé le livre. Il estime que le faire avant, ce serait trop tôt et qu’on risquerait d’essuyer un échec. C’était donc très comique d’être sur mon balcon, en train d’enchaîner parfois 2 cigarettes roulées d’affilée, tout en écoutant ce livre dans mes oreilles et en méditant à ce qu’il disait 😂.
c. Les déclics que j’ai eus grâce au livre, en plus de mes expériences d’arrêt passées
Je résumerais les conseils du livre en 2 points-clés :
- Il faut arrêter du jour au lendemain ;
- Il ne faut jamais refumer ne serait-ce qu’une seule taffe (ni de cigarette, ni d’autre chose) car, même si on développe l’impression d’être sevré quand on se prive de fumer longtemps, l’addiction reste à vie dans notre corps et elle est re-déclenchée dès que la substance est redonnée au corps (ce qui explique qu’on redevienne facilement fumeur quotidien après avoir fumé “juste une clope en soirée”).
Pourquoi l’idée de ne pas m’autoriser à refumer ne serait-ce qu’une taffe a tout changé pour moi
C’est ce deuxième élément qui a tout changé pour moi. En effet, jusqu’à présent, toutes les fois où j’avais arrêté, j’avais effectivement arrêté du jour au lendemain, comme il le préconise. En revanche, je me disais toujours que ça serait “ok” de re-fumer de temps en temps. Même si j’essayais de tenir le plus longtemps sans fumer, la porte restait ouverte. Je me disais que, si j’étais capable d’arrêter longtemps, alors je serais capable de ne pas me remettre à fumer après quelques clopes de soirée.
Mais l’addiction est vraiment un truc mesquin contre lequel il est dur de lutter. On parle de biochimie dans le corps, qui nous change de l’intérieur. Si l’état psychique ou de fatigue dans lequel on est ne nous donne pas une volonté de fer, alors celle-ci ne fera jamais le poids face aux réactions chimiques du corps.
C’est pour ça que c’est dangereux de se risquer à fumer des clopes en soirée ou juste quelques taffes ou une de temps en temps. C’est vraiment se rendre la vie difficile car ça revient à réveiller l’addiction en nous, et donc ensuite devoir redoubler d’effort pour la taire à nouveau. C’est se faire du mal en permanence. Et si l’état psychique / de fatigue ne suit pas, alors on n’a juste pas la force et on se remet à fumer régulièrement. J’en ai fait les frais à maintes reprises.
L’argument qui m’a fait comprendre que la cigarette était en fait la cause de mon mal-être, et pas ma béquille-sauveuse
▸ La cigarette est créatrice de stress et d’anxiété (car elle augmente le taux de cortisol)
Ce qui faisait que je n’arrivais pas à arrêter de fumer pendant la période où j’allais mal, c’est que je voyais la cigarette comme ma béquille. C’était mon outil d’apaisement face au stress.
Ce que j’ai appris, grâce au livre d’Allen Carr, c’est que les substances contenues dans la cigarette sont créatrices de stress pour le corps. Ça augmente littéralement le taux de cortisol (hormone du stress) dans notre corps.
Ce qu’on croit être une baisse de stress et un apaisement quand on tire les premières lattes, c’est en fait le corps, en manque (car victime d’addiction), qui est soulagé de recevoir à nouveau la substance toxique à laquelle il est accro. Mais une fois ce pseudo-apaisement passé, c’est le cortisol qui prend le dessus : chaque taffe a fait augmenter le taux de cortisol dans le corps, donc le taux de stress et d’anxiété.
Fumer, c’est donc créer plus de stress dans son corps.
Il est donc complètement paradoxal de fumer régulièrement pour réduire son stress, puisque c’est l’exact opposé qui se produit.
▸ La cigarette est créatrice de sentiment de vide
J’utilisais aussi la cigarette pour combler un vide. C’était une époque où, en plus d’être un peu stressée, je ressentais du vide en moi. Il y avait des jours où je n’avais goût à rien, où je ne savais plus ce que j’aimais. J’ai même eu, à deux reprises, la pensée “je ne vois pas trop l’intérêt de vivre”, accompagnée d’une forme de déprime profonde, voire de désespoir.
Dans ce contexte, je voyais la cigarette comme un ami, un compagnon pour m’épauler dans cette phase émotionnelle difficile. Faire rentrer la fumée dans ma gorge puis mes poumons me donnait des sensations physiques qui venaient comme compenser les non-sensations émotionnelles. Plus ça brûlait la gorge, mieux c’était. J’étais très frustrée par les cigarettes pas fortes, qui ne m’apportaient pas la sensation recherchée. Quand je fumais, je sentais. C’était presque comme manger. C’était me “remplir”, de cette manière-là.
Pourquoi donc voudrais-je me séparer du compagnon qui m’aide à aller mieux et à enfin avoir des sensations ? Ça aurait été complètement paradoxal, non ?
Et pourtant, le livre d’Allen Carr m’a appris que le sentiment de vide, lui aussi, était en fait causé par la cigarette. Je ne me rappelle plus l’explication scientifique ici, malheureusement. Mais je me souviens avoir compris, à ce moment-là, qu’en fumant, je provoquais l’exacte situation que je cherchais à fuir : je créais ce vide intérieur, en fumant.
Or, ce sentiment de vide était la chose la plus difficile à vivre. C’était le sentiment que je cherchais le plus à fuir en arrêtant la cigarette car une vie dépourvue de sens et de goût pour des choses ne me paraissait pas être une vie qui pouvait durer dans le temps. En plus de vivre cette sensation désagréable de vide émotionnel, je me sentais en danger vital à moyen terme (j’avais peur de passer à un acte suicidaire un jour, si ce sentiment de vide persistait trop longtemps).
***
Je pense que ces deux compréhensions sur l’effet de la cigarette sont ce qui me permet d’avoir arrêté définitivement aujourd’hui. Car j’ai maintenant conscience qu’en plus du risque de céder à nouveau à l’addiction en fumant, me remettre à fumer voudrait dire choisir délibérément d’insuffler du stress, de l’anxiété et du vide émotionnel en moi. Je ne veux pas ça pour moi. Je ne veux pas retrouver ces états de mal-être dans lesquels j’étais avant. Je ne veux pas me faire du mal volontairement, de cette manière.
d. Pourquoi j’ai quand même repris après 9 mois d’arrêt, en sachant tout ça
Toutes ces réalisations m’ont aidée à arrêter pendant 9 mois. Malheureusement, comme évoqué plus haut, j’ai quand même repris la cigarette suite à l’incitation de quelqu’un en soirée.
Sur le coup, c’était agréable de pouvoir re-goûter à la cigarette. Mais je m’en suis beaucoup voulu ensuite. Je trouvais que c’était vraiment une bêtise d’avoir recommencé de cette manière, pour cette raison.
Je pense que ce qui a fait que je me suis autorisée à craquer, c’est que je n’avais pas encore pleinement accepté l’idée que je n’aurais “plus jamais droit à une cigarette” (puisqu’Allen Carr recommande de ne jamais retoucher à une cigarette de toute sa vie). C’est difficile d’accepter d’abandonner un plaisir, d’abandonner quelque chose avec lequel on a aussi de bons souvenirs (si on ne prend pas en compte les effets négatifs de la cigarette, j’ai toujours adoré fumer et avoir ces “moments pour moi”).
J’avais réussi à me convaincre un peu plus suite au livre, mais pas suffisamment encore.
3. Comment j’ai (enfin) arrêté définitivement
Au moment où j’écris cet article, ça fait 1 an et 12 jours que j’ai arrêté de fumer, et j’ai la sensation que c’est définitif. Mon état d’esprit est différent des fois précédentes. Cette fois-ci, je n’envisage plus la possibilité de “craquer en soirée”. J’ai l’intention ferme que mon mode de vie soit “Zéro cigarettes”.
a. “Zéro cigarettes en 2024” est la phrase qui a tout changé
Objectif : arrêter et ne pas craquer
Le 1er janvier 2024, après 4 mois de reprise du tabagisme, et des clopes fumées pendant la soirée du Nouvel An, j’ai décidé d’arrêter de fumer à nouveau. Je me sentais apte à commencer ce jour-là et cette date particulière m’aidait à donner un point de départ fort.
Puisque les fois précédentes, ce qui m’avait fait reprendre était le fait de m’autoriser une cigarette en soirée, j’ai décidé qu’il ne fallait plus que je m’autorise cet écart, si je voulais essayer d’arrêter de fumer durablement.
Je me suis donc donné comme mantra pour l’année : “Zéro cigarettes en 2024”. Ainsi, le but cette fois-ci, n’était pas seulement d’arrêter de fumer, mais de ne pas craquer de toute l’année. Même pas pour “juste une”. Même pas pour une taffe.
J’ai précisé “en 2024” car ça me paraissait être un objectif correct et réalisable, sans pour autant m’imposer la pression de me dire que ça devait être “pour toujours”. C’était un test : que va-t-il se passer si je m’empêche de craquer cette année ?
Ce mantra m’a aidée à tenir dans mes moments de tentation
À plusieurs reprises au cours des premiers mois, j’ai eu envie de craquer, d’en fumer “juste une”. C’est cette phrase que je m’étais donnée pour l’année qui m’a incitée à ne pas céder à la tentation dans ces moments-là. Je n’avais pas envie d’échouer à mon propre défi. Je n’avais pas envie de mettre en l’air cette chose que je m’étais promis de faire pour moi-même. Alors j’ai tenu.
2024 est passé et je peux vous dire que j’ai réussi à respecter mon mantra : je n’ai pas fumé une seule cigarette en 2024. Je n’ai pas tiré une seule taffe. Je n’ai pas fumé autre chose non plus qui contient du tabac (bédo, shisha…). Et maintenant, j’ai juste envie de continuer ma vie comme ça.
J’ai tenu alors même que j’ai rencontré un amoureux fumeur
Pourtant, j’ai été d’autant plus confrontée à la cigarette en 2024 que j’ai rencontré un amoureux qui fume et dont les colocs fument. J’ai eu très peur, au début, que ça me fasse reprendre. Je lui ai donc demandé de ne jamais me proposer de fumer, pour ne pas m’inciter. Il a aussi essayé de réduire sa consommation quand il était avec moi, pour éviter de trop m’imposer ça.
Paradoxalement, je crois que cette situation a renforcé ma volonté de ne pas fumer. Ou bien ça l’a entraînée. Car j’ai dû, jour après jour, continuer de dire “non” intérieurement. J’ai dû faire en sorte de ne pas faire attention aux cigarettes autour de moi. Et je me suis prouvée, encore et encore, que j’étais capable de résister, même quand la cigarette était au plus proche de moi. Toutes ces situations où eux fumaient et pas moi ont alimenté mon identité de “non-fumeuse”.
Je pense que ce qui m’a retenue de craquer était la peur, si je recommençais pendant que je suis avec lui, que ce soit impossible pour moi de ré-arrêter ensuite dans ce contexte (ce que je ne désirais pas).
b. Nostalgie : parfois, j’aimerais retrouver ces moments où je fumais
Je ne vais pas te mentir là-dessus : oui, ça m’arrive de temps en temps de repenser au “bon vieux temps” où je fumais, où j’étais sur mon balcon, clope à la main, en train de profiter du soleil et de ce “moment pour moi”. J’ai comme une vision romantique de cette fumeuse que j’étais et des moments agréables que cela me faisait passer (dans le sens : c’était chouette, je kiffais). Malheureusement, ces moments agréables étaient aussi accompagnés d’autres choses désagréables que j’ai tendance à mettre de côté quand je repense à cette vision romantique.
Garder la cigarette comme un souvenir et accepter la nostalgie comme une simple émotion
Ça m’arrive presque de regretter de ne plus fumer car je suis nostalgique de certains moments. Mais une autre chose que le livre d’Allen Carr m’a enseigné, c’est que tout cela peut continuer de vivre… dans nos souvenirs.
Être nostalgique ne signifie pas que l’on doit agir, c’est-à-dire se remettre à fumer pour retrouver ces sensations d’avant. Déjà, quand on reprend après une longue période, on met du temps à se réhabituer au goût. C’est un peu désagréable avant de redevenir agréable. Ensuite, ça ferait revenir touuuuus les problèmes qu’on a cherché à quitter en arrêtant. Ce serait con quand même.
La nostalgie est une émotion. On peut la vivre sans agir. Je peux prendre plaisir à repenser “au bon vieux temps” mais le laisser à sa place : dans le passé. J’ai d’autres bons moments et bonnes choses à vivre aujourd’hui. Je n’ai pas besoin de me rendre malade à nouveau pour vivre ça.
Ce qui nous manque, ce n’est pas la cigarette mais la sensation, le rôle qu’elle jouait
Aussi, comme m’a dit un ami récemment : “ce qui te manque, ce n’est pas la cigarette, c’est la sensation que tu venais rechercher”. C’est très sage ! C’est complètement ça. Dans ces moments-là, on peut se rappeler que n’importe quelle sensation qu’on recherchait, on peut la trouver autrement.
Et non, la sensation que l’on recherche n’est pas “la fumée qui brûle la gorge”, c’est le rôle de cette sensation : pour moi, c’était sentir quelque chose tout court (face à un vide émotionnel). Or, il y a plein d’autres choses pour ça : faire du sport, sentir une fleur ou l’odeur du café chaud, lire un livre inspirant, chanter, respirer en conscience même ! Et plein d’autres choses….
Ou parfois la liberté (que je peux juste ressentir si je réalise que je suis indépendante et que je fais ce que je veux de mes journées, et que m’autorise à faire les choses que j’ai vraiment envie de faire sans me restreindre…).
Ou tasser une colère / insatisfaction / contrariété que j’essayais de ravaler (à la place, je peux : sentir et vivre l’émotion, sans chercher à la taire par la fumée ; j’ai appris, depuis, à accepter de ressentir mes émotions désagréables et ça m’aide à les gérer plus sainement !).
Il vaut mieux résister maintenant, qu’une fois retombé dans le cercle vicieux
Réussir à arrêter de fumer définitivement ne veut pas dire qu’on ne pensera plus jamais à la cigarette ou qu’on ne sera plus jamais tenté. Mais je peux dire par expérience (et Allen Carr en parle aussi) qu’il est beaucoup plus facile de résister à la tentation quand ça fait 12 mois qu’on a arrêté que quand on a recommencé un cercle vicieux où l’on fume tous les jours.
Petite anecdote : ça m’est arrivé de mimer le geste de fumer, en inspirant comme si j’inspirais la fumée, pour m’aider à “revivre le moment”, mais sans véritablement fumer…
Conclusion : mon avis aujourd’hui, avec du recul
On a tendance à prendre l’addiction pour autre chose
À l’époque où je fumais en écrivant mon livre, je ressentais le besoin de faire une pause toutes les 45 minutes. Je pensais que c’était le besoin naturel de mon cerveau, et donc je m’accordais cette pause clope de 5 – 10 minutes. Ça faisait beaucoup de temps passé à fumer sur la journée…
Quelque temps après avoir arrêté de fumer et de m’être sevrée, j’ai réalisé que je pouvais facilement travailler et rester concentrée pendant 1h30 à 2h, sans pause. Ce n’est donc pas mon cerveau qui avait besoin d’une pause mentale, mais l’addiction qui réclamait un petit shot de sa substance favorite, pour pouvoir continuer.
C’est dur d’arrêter car on vit dans une société qui a banalisé cette drogue
Je crois que, lorsqu’on est dedans, on ne se rend pas compte de la sévérité de l’impact que cause la cigarette. Malheureusement, nous vivons dans une société où la cigarette est omniprésente : des tonnes de gens fument aux terrasses de café, on a souvent plusieurs amis fumeurs autour de soi, on a souvent associé alcool – fête – cigarette, ce qui fait que c’est plus difficile de lutter en soirée.
La cigarette est présente dans les films, elle est autorisée à la vente, et on sent son odeur au quotidien dans la rue. La cigarette fait partie de la culture française autant que l’alcool et la nourriture, et c’est ça qui fait qu’on est plus facilement pris dans un engrenage.
Mais les substances contenues dans la cigarette sont une véritable drogue (la nicotine principalement), qui crée une addiction à vie. Elles ont un impact chimique sur notre corps, avec un dérèglement des taux d’hormones (comme la hausse du cortisol) qui peut mener, comme je vous en ai parlé plus haut, à un taux d’anxiété plus élevé, un sentiment de vide intérieur (qui peut mener à des pensées suicidaires). Ce n’est pas rien. On a juste complètement banalisé le fait de fumer cette drogue. À la place, on y associe des notions positives (détente, moment entre potes, compagnon qui épaule en cas de coup dur…).
Je ne cherche pas à convaincre ceux qui ne sont pas convaincus (pour moi, arrêter de fumer était une nécessité, pour sortir du mal-être)
Moi, mon but n’est pas de convaincre qui que ce soit qu’il doit arrêter de fumer. Me concernant, c’est parti d’un véritable besoin de me sortir d’une situation dans laquelle je me sentais mal et prise dans un cercle vicieux qui ne correspondait pas à la vie que j’avais envie de vivre.
Je connais plein de gens qui me disent qu’ils aiment bien continuer de fumer et qu’ils arrivent à ne fumer qu’en soirée. Je ne sais pas quoi dire aux gens qui n’ont pas le désir d’arrêter. Je considère que ce n’est pas mon rôle de les convaincre. Chacun fait ce qu’il veut de son corps et de sa vie. Pour moi, c’était une nécessité pour mon bien-être et mon respect de moi-même, même si ça m’a demandé beaucoup de volonté, que ce n’est pas facile et que j’ai encore envie parfois. J’avais le désir d’arrêter. Ce qui me manquait, c’était une meilleure compréhension de ce qui se jouait, du “pourquoi” j’avais du mal à arrêter (les histoires que je me racontais) et du “pourquoi” je retombais dedans à chaque fois.
Je préfère dix fois ma vie aujourd’hui, sans cigarette
Je préfère dix fois ma vie aujourd’hui où je ne pense plus à la cigarette tous les jours, où je ne me sens plus dans cette prison où j’ai peur de ne pas pouvoir fumer quand je veux, où j’ai retrouvé mes capacités cardio-pulmonaires et sportives, où j’ai réaligné ma réalité extérieure avec la vision que j’ai de moi.
Aujourd’hui, je me sens apaisée, beaucoup plus accueillante de mes émotions. J’ai trouvé plein de choses bien plus saines et intéressantes à faire pour remplacer la cigarette et mes pauses clopes. Je ne m’ennuie pas.
Je suis en bien meilleur état physique et émotionnel, ce qui me donne une base plus saine et agréable pour me préoccuper de toutes les autres choses que la vie a à offrir : faire des projets qui me plaisent, m’émerveiller devant la nature, connecter avec les gens, aider les autres, continuer de faire des choses qui me font du bien…
Ce que je te conseille si tu as le désir d’arrêter de fumer
Si toi tu as ce désir d’arrêter de fumer mais qu’il te manque ce coup de pouce, je te conseille de :
- Attendre de te sentir 70% prêt·e : ne pas le faire quand tu es dans un moment de ta vie où tu sens que tu vas avoir énormément de mal à trouver cette volonté car tu risques d’échouer et d’effriter ton estime de toi de ce fait, ce qui ne t’aidera pas ;
- Lire le même livre que moi : “La Méthode simple pour en finir avec la cigarette” d’Allen Carr : j’espère que cela t’aidera à comprendre tes propres raisons de fumer et pourquoi la cigarette n’est en fait pas la solution (il en existe plein d’autres saines) ;
- Arrêter du jour au lendemain (après lecture du livre) ;
- Te donner comme mantra “Zéro cigarettes cette année” pour ne pas seulement arrêter de fumer mais aussi ne pas t’autoriser à craquer même si c’est “juste une cigarette / taffe” ;
- Me poser tes questions en commentaire sous cet article, si tu en as suite à la lecture de celui-ci ou du livre, ou pendant ton processus d’arrêt de la cigarette 😘.
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