En mars 2022, pendant une discussion de 3h avec ma nouvelle amie Jessica, j’ai senti un truc énergétique se passer à l’intérieur de moi : la sensation qu’il était temps de clore mon chapitre de vie actuel et en commencer un nouveau. Au fil de la discussion, j’ai commencé à m’ouvrir à l’idée qu’il fallait peut-être que j’arrête LesNouveauxTravailleurs, mon activité entrepreneuriale depuis 2017. Rien que l’idée me faisait super peur. Rien qu’oser imaginer ça me faisait super peur.
Ma décision d’arrêter mon activité est la plus effrayante et inconfortable de ces 4 dernières années
Oser concevoir une autre réalité et la poser sur papier était effrayant
En rentrant chez moi, j’ai pris une feuille blanche et un stylo, avec l’intention de poser sur papier ce que je sentais que je ferais peut-être à la place des NouveauxTravailleurs, si j’arrêtais. Mais je n’ai pas réussi à poser le stylo tout de suite sur la feuille. Ce moment m’a fait très peur. J’avais très peur de donner une forme, dans la matière, à mes pensées, que je n’assumais pas vraiment à ce stade.
J’ai fini par commencer à écrire, à réfléchir sur papier. Plus j’ai avancé dans la réflexion, plus je suis devenue certaine que c’était la bonne décision. J’avais toujours peur, mais je savais aussi que c’était ce que je devais faire.
Annoncer l’arrêt de mon activité publiquement était effrayant
Une semaine plus tard, j’ai écrit un email à mes 5500 abonnés pour leur annoncer que j’arrêtais. Juste avant de cliquer sur “Envoyer”, j’ai eu très peur. Plus encore que la semaine d’avant.
L’annoncer, c’était commencer à brûler mes navires, à me tirer une balle dans le pied si je me rendais compte que c’était une erreur par la suite. L’annoncer, c’était le rendre réel. J’ai eu méga peur. Avant de cliquer, au moment du clic, après le clic, toute la soirée, et même dans les quelques jours qui ont suivi.
Vite commencer autre chose par peur du vide
Je crois que c’est pour ça que j’ai si vite commencé autre chose derrière : j’avais peur du vide, j’avais peur d’être dans rien (mais finalement je me suis mise en congé sabbatique deux semaines plus tard car j’ai BESOIN d’un peu de ce vide, de souffler entre deux activités, de prendre du temps pour moi, pour ressentir ce que je veux vraiment).
Oscillation entre confiance en mon intuition et doute vis-à-vis de ce choix
Par la suite, j’ai vécu une oscillation entre “Je suis sûre que c’est ce que je devais faire” et le doute et la peur que ce soit une erreur, d’être en train de complètement m’auto-saboter.
Mais, depuis plusieurs années, j’ai appris à écouter mon intuition et lui faire confiance. Dans cette situation, il y a un combat entre mon intuition (qui me dit que c’est exactement ce que je devais faire) et ma tête rationnelle (qui flippe à mort de ne pas savoir vers où elle va, comment elle va se rémunérer, si elle va y arriver).
Mais je sais que les pensées de la tête sont des mécanismes-réflexes normaux pour nous maintenir en vie, et qu’il ne faut pas forcément les écouter tête baissée sans les remettre en question. Ce n’est pas parce que ça pointe un danger potentiel qu’il faut absolument reculer. Ce n’est pas parce qu’on voit le panneau “attention, risque d’éboulis” qu’il ne faut pas emprunter la route.
À l’inverse, je considère que mon intuition est un guide infaillible qui a toujours raison et sur lequel je peux me reposer en tout temps (ce sont des expériences passées qui m’ont aidée à construire cette conviction envers mon intuition).
Et, derrière ces panneaux “attention” que me montre ma tête, je sens mon intuition qui me dit “si si, c’est bon, vas-y, tu es sur la bonne voie”, ce que je ressens comme une sensation de bien-être, d’apaisement et de brise tiède dans mon ventre.
La décision du congé sabbatique : vers encore plus d’inconfort
Dans les trois semaines qui ont suivi cette annonce officielle que j’arrêtais, j’ai l’impression d’avoir enlevé des couches supplémentaires qui m’ont amenée vers encore plus d’inconfort. À chaque fois que ça se passait, je me disais “Rohlala, non mais toujours plus quoi !”.
Je pensais que la décision de “changer de conteneur”, en arrêtant LesNouveauxTravailleurs pour faire autre chose, était la plus grosse décision que je pouvais prendre cette année-là (quitter une activité qui marche, c’est-à-dire un site avec un bon trafic, et avec laquelle je sais que je peux gagner de l’argent car je sais comment faire et que j’ai 5000 potentiels acheteurs). Ça l’était, mais ça ne s’est pas arrêté là.
Après ça, j’ai décidé de carrément me mettre en congé sabbatique, c’est-à-dire couper toute construction d’activité et donc toute source de revenu potentiel en provenance de ça. J’ai tout mis en pause. Comme dans Titanic quand ils vont heurter l’iceberg et qu’ils arrêtent les machines quelques secondes avant de faire machine arrière. Tu vois ces quelques secondes suspendues dans cette scène ? C’est mon mois d’avril 2022 😂
Ne pas savoir ce qui m’attend : des émotions très inconfortables
En fait, ce que je veux faire passer comme message ici c’est que, depuis quelques semaines, l’endroit vers lequel me guide mon intuition me crée des zones de turbulences qui contiennent des émotions négatives : peur, doute, incertitude, inconfort de me retrouver dans des choses non familières, de faire une pause, d’accepter de mettre un peu de vide, d’attendre sans savoir ce qu’il va se passer…
Maso : quand peur et inconfort créent aussi des émotions positives
Ne pas savoir ce qui m’attend : le “thrill”
On pourrait se dire que ça doit être super désagréable comme moment. Et, d’une certaine façon, ça l’est. De façon… “superficielle”, je dirais, ça l’est.
Mais ces sensations cohabitent avec d’autres sensations : parce que tout ça est une grande sortie de zone de confort, je ressens un thrill face à l’incertitude (un genre d’excitation, peut-être comme les gens qui aiment les sensations fortes des sports extrêmes… mais à ma manière).
Peut-être parce que l’incertitude, c’est aussi un grand champ des possibles, et que j’ai une forme de curiosité de découvrir quelles grandes choses vont arriver dans ma vie grâce à tout ça. Et une forme de conviction et de confiance dans le fait que ça VA créer de grandes choses dans ma vie, qui me conviendront beaucoup mieux, qui vont m’apporter du bonheur.
Suite à cet acte de courage, je me sens plus forte
Parce que je suis en train de faire un truc qui me fait peur et m’a demandé beaucoup de courage, je me sens courageuse, audacieuse, forte, dans une montée en puissance. Et plus je sens ça, plus je me sens capable de continuer de prendre ce genre de décision, et plus ça me donne envie de continuer de me mettre en inconfort.
Plus j’avance, plus je me reconnecte à des sensations de choses que j’aime et à moi-même
D’autant que, plus j’avance, plus je me reconnecte à des sensations de choses que j’aime, plus j’ai l’impression de me “retrouver”, de me délester de tout ce qui ne me correspondait plus et revenir à qui je suis vraiment, osant être plus moi-même que ces dernières années.
C’est à la fois une des expériences les plus difficiles, et les plus merveilleuses
Je vais tenter une métaphore très hasardeuse (d’autant que je ne suis pas encore passée par là) : est-ce que ce n’est pas comme un accouchement ? À la fois l’expérience la plus douloureuse pour le corps d’une femme, et l’expérience la plus merveilleuse (faire sortir un être de soi, qui s’est créé tout seul dans son ventre ; donner la vie) ?
Cette même expérience apporte les plus grandes sensations possibles pour une femme, dans deux sens complètement opposé : la plus grande douleur, et le plus grand bonheur.
Je ne parle pas en connaissance de cause, je ne fais qu’imaginer ça d’après ce que des mamans m’ont raconté (surtout celles qui ont accouché sans péridurale 😬).
Ce que je veux dire c’est que, dans cette transformation que je suis en train de traverser, je vis à la fois les moments les plus inconfortables que j’aie vécus depuis un moment (depuis que je me suis endormie et ai arrêté de vraiment sortir de ma zone de confort), et je vis les plus belles émotions que j’aie vécues depuis un moment : mon degré de bonheur est le plus élevé de ces trois dernières années (dans mon souvenir en tout cas), j’aime ce qui est en train de changer en moi, la personne que je suis en train de devenir (davantage moi-même), la force, l’audace et l’ambition qui émanent de ce moment de courage, mais aussi l’humilité qui reprend du terrain (et temps mieux !), dans le sens “Je ne suis pas une sachante” et “Je ne suis pas spéciale”.
Je me sens maso parce que j’aime cette douleur de l’inconfort
Enfin voilà, du coup je me sens un peu maso, parce que je me retrouve à aimer cette douleur de l’inconfort, à aimer être dans cette peur, cette incertitude, ce sentiment de ne rien maîtriser et ne pas savoir ce qu’il va advenir de ma vie. C’est comme si j’avais un bleu et que j’aimais appuyer dessus.
Mais, si je peux me permettre une autre image : c’est comme quand on a “mal” en faisant du sport, mais qu’on aime bien continuer quand même. C’est bizarre, non ? Hier, j’étais en train de rentrer d’une session de Spikeball à vélo et je trouvais ça dur, j’avais mal aux cuisses (à la fois de la session de Spikeball et du fait que mon vélo est mal graissé et à moitié cassé donc je suis obligée d’être sur les vitesses les plus élevées).
Mais est-ce que je me suis mise sur les toutes petites vitesses pour que ce soit moins dur ? Est-ce que je suis descendue de mon vélo pour terminer à pied ? Non. Parce que, dans cette douleur, il y a comme une sensation positive. Peut-être que c’est la dopamine ou une autre de ces hormones. C’est connu que le sport libère des hormones du bonheur.
Alors peut-être que c’est ce qu’il se passe aussi quand on sort de notre zone de confort ? Il y a une forme de douleur (psychologique ici : la peur principalement), mais ça libère aussi des sensations psychologiques positives (se sentir fier d’être courageux, audacieux ; ressentir l’espoir des possibilités à venir…).
Cette sortie de zone de confort m’a sortie de ma léthargie
Je suis heureuse d’avoir vécu à nouveau ces sensations. J’avais oublié ce que ça faisait. Avant ça, je me sentais un peu léthargique : prise dans un tourbillon de flemme, de manque de volonté, d’envie de rien…
J’ai l’impression que cette sortie de zone de confort a “secoué le cocotier”, “secoué la pulpe dans la bouteille d’Orangina” et que j’ai retrouvé les émotions de ma “jeunesse” (lol, j’ai 30 ans, donc j’entends “d’il y a quelques années”), et ça me fait énormément de bien, c’est très plaisant ! Ça me donne envie de continuer dans cette voie, de continuer à chercher l’inconfort.
D’ailleurs, ça me fait penser à la chaîne Youtube “Yes Theory” dont le slogan est “Seek discomfort”. Ils le font différemment de moi mais j’adhère maintenant totalement à l’état d’esprit du slogan !
Conclusion : c’est grisant, PARCE QUE c’est inconfortable
Je crois que “grisant” est une traduction à peu près correcte de “thrilling”. Au printemps 2022, avec cette décision d’arrêter mon activité LesNouveauxTravailleurs, j’ai vécu un grand moment d’inconfort, rempli de peurs liées au doute vis-à-vis de mon choix, et à l’incertitude vis-à-vis de l’avenir.
Mais je me retrouve à aimer ce plus grand moment d’inconfort depuis quatre ans, parce que c’est ce même moment qui a réintégré à ma vie des émotions de force, de courage. C’est ce moment qui m’a reconnectée à ce que j’aime, à moi, et à une énergie ascendante à l’intérieur de moi.
Je me sens un peu maso d’aimer ce moment inconfortable. Mais c’est à la fois tellement empouvoirant que ça me donne envie d’en faire un mode de vie : sortir de sa zone de confort souvent, se faire peur… Et je ne parle pas de sports extrêmes ou d’aventures en nature, mais de choix de vie comme arrêter une activité professionnelle qui marche, oser aller vers de nouveaux métiers, recommencer de zéro, sans savoir comment on va gagner de l’argent mais avec la confiance qu’on va y arriver…
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