En 2020, Sophie Berger lance “Ça De Plus En Moins”, son entreprise d’aide au désencombrement. Personnellement, j’adore le nom ! Moi-même adepte du désencombrement à intervalles réguliers, et d’un minimalisme (modéré me concernant), je me suis tout de suite abonnée à son compte Instagram.
En plus d’être une “pratiquante” du désencombrement pour moi-même, il se trouve qu’en 2020 ou 2021, j’avais moi aussi songé à devenir Home Organizer (enfin à créer un service de ce genre, en plus du reste), pour aider les autres à le faire. J’avais tout un projet, avec plein de ramifications qui le connectait à d’autres de mes projets. Je ne l’ai pas encore mis en place car d’autres idées sont plus présentes à mon cœur pour l’instant. Je ne sais pas si je le ferai un jour, mais en attendant, j’ai eu très envie d’interviewer Sophie, pour lui demander ce qui, elle, l’a poussée à devenir Home Organizer, comment elle s’y prend, et comment ça se passe côté pépètes.
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Et sinon, voici un résumé écrit. Il ne s’agit pas d’une transcription exacte. Pour créer cette version écrite, je réécoute l’épisode, prends des notes, puis réorganise l’information pour qu’elle soit plus logique quand on la lit. Je reformule également certaines phrases pour plus de lisibilité et de simplicité.
Désencombrement : qu’est-ce et à quoi ça sert ?
Isis : Peux-tu nous expliquer ce qu’est le désencombrement ?
Sophie : Pour moi, c’est une forme de minimalisme :
- Se recentrer sur ses besoins pour s’entourer de son minimum vital avec lequel on est à l’aise, dans lequel on se sent bien ;
- Lâcher prise sur tout ce qui va nous encombrer au quotidien (les objets, les évacuer, les faire sortir de son environnement, pour se créer son environnement propre) ;
- Aller vers un écosystème : que notre environnement nous nourrisse, et qu’on nourrisse notre environnement
Isis : En quoi est-ce un problème d’avoir trop d’objets ? Pourquoi serait-ce important de faire du désencombrement ? (et qui explique qu’il y ait des entrepreneurs et des gens prêts à payer pour ça)
Sophie : Un des problèmes qui me touche énormément est lié à l’environnement : l’aspect écologique, mais aussi la manière dont on se nourrit au sens large, ce qu’on peut s’apporter soi-même. On n’a pas envie de manger des choses pas bonnes. Si ce qu’on a au quotidien devant les yeux crée de la charge mentale, alors notre environnement ne nous nourrit pas de choses positives.
Un autre aspect est la consommation : apprendre à désencombrer, c’est apprendre à consommer. En choisissant de se libérer d’objets, on ne va plus les acheter derrière. Ça permet de capter ce mécanisme d’achat, d’acquisition : pourquoi on garde ? Par sécurité ? Ça nous rassure ? C’est une représentation sociale qu’on veut donner aux autres ou pour soi ?
Un des gros aspects pour moi était la peur de manquer. On peut se rationaliser là-dessus : si je n’ai pas un tournevis là dans la minute, c’est pas grave, je vais faire autre chose, demander à quelqu’un.
C’est très courant la peur de manquer. Moi, elle m’a été transmise, c’est un héritage familial : “il faut garder les choses”. Mais elle est aussi induite par toutes les publicités aujourd’hui, le consumérisme : il ne faut surtout pas manquer de choses dont on n’a pas besoin.
Home Organizing : un métier pour aider les autres à désencombrer
“Home Organizing” est le terme anglophone (mais importé en France) pour désigner l’activité de désencombrement-rangement-organisation.
Isis : Comment ça t’est venu de travailler là-dedans ?
Sophie : J’ai commencé petit à petit, sur quelques années. Ma porte d’entrée a été le zéro déchet. Ça a commencé par rapport à l’alimentation, puis la salle de bain (les produits de beauté) : je me suis dit qu’il y en avait beaucoup trop, et trop de choses nocives qu’on fait rentrer dans notre corps.
Il y a eu un effet boule de neige, ça s’est étalé à tout le cadre de l’habitation. Je me suis désencombrée de ce dont je ne me servais pas et qui m’encombrait mentalement.
Puis j’ai vu les autres effets : moins de choses à gérer, moins de ménage à faire, ça laisse du temps pour faire autre chose, mener à bien ses projets.
Je me suis dit “ça a l’air d’être un métier d’aider les gens à se désencombrer”. Ça a été le déclic de me dire “je peux aider les gens à faire ça”. C’est assez naturel pour moi.
Je me suis formée une semaine en Belgique au Home Organizing, pendant cinq jours. J’ai appris les techniques et la théorie, puis j’ai fait ma tambouille pour l’adapter à ma sauce.
Isis : Quelles offres as-tu développées ?
Sophie : J’ai mis en place soit un “one-shot” : un gros coup de boost, on fait un bilan, j’apporte ma vision, mon projet ; donner l’impulsion puis la personne peut faire seule.
Soit accompagnement sur plusieurs séances.
J’ai cherché mon univers, ma propre manière de faire. Je suis aussi artisan-créatrice et j’ai une activité de création d’objets, de décorations, d’objets en papier-mâché. J’ai toujours eu plusieurs activités en parallèle, toujours eu envie de faire autre chose, d’autres projets.
Je fais le lien entre ces deux activités : l’idée de l’art pour embellir le cadre, l’environnement.
Faire le choix de s’entourer de beaux objets.
Moi j’aime bien jouer, rigoler, faire des chasses au trésor, donc mon accompagnement je le définis comme ça : partir en exploration des objets qui ont de la valeur pour soi, chez soi ; mener son enquête pour comprendre pourquoi toutes ces choses arrivent dans notre maison ; explorer physiquement tous les recoins, tous les placards, tout ce qui pourrait sortir de la maison ; puis la grande aventure du tri et du désencombrement physique où on met les mains dedans.
C’est là que je me suis écartée de ce qu’on m’avait transmis dans ma formation [Note d’Isis : voir section “formation” ci-dessous] et où c’était assez scolaire. Quand j’avais testé avec des amis, on s’amusait : on rigole mais on trie en même temps.
Isis : Peux-tu nous décrire comment se passe une journée avec toi pour un client ?
Sophie : D’abord, il y a beaucoup d’écoute. Je vais prendre contact avec la personne et poser beaucoup de questions par rapport à l’histoire de la personne, de la maison. C’est important car l’approche n’est pas la même si le désencombrement concerne juste une pièce ou toute la maison (si c’est juste une pièce, on va rentrer dans la pièce et on va aller à fond là-dessus).
Ensuite, je fournis un bilan écrit car j’aime beaucoup écrire : ce que j’ai pu voir, ressentir, ce que je peux proposer comme travail avec moi. Ou bien, si ça lui suffit d’avoir eu tout ce regard extérieur, ces pistes de réflexion, elle peut continuer seule.
Après, si elle décide de continuer avec moi, je suis là en présentiel en plus de cette réflexion.
On va commencer par tout vider. Quand on s’occupe d’une pièce, on va tout mettre au sol. C’est assez efficace, soit par catégories d’objets, soit de vider toute une pièce, ou toute une armoire. L’intérêt de tout vider, c’est de voir la masse. Souvent ça fait un petit choc : “ah ouai c’est beaucoup !”. Si ça ne suffit pas, parfois, on peut compter les objets : “ah oui là on est à 100 objets de catégories !”
Ensuite on met en place le tri. Il faut trier tout de suite, évacuer rapidement ce qu’il y a à évacuer, pour ne pas restocker les cartons triés.
Il y a aussi l’organisation de la maison derrière, ainsi que l’organisation familiale. Car, justement, s’il y a des choses qui ne fonctionnent pas bien, des zones trop encombrées, ça peut jouer sur l’organisation d’un foyer.
Par exemple, chez moi, j’ai simplifié le cycle du linge. Ça a été un truc compliqué pour moi à un moment : j’entassais le linge. À partir du moment où j’ai simplifié le cheminement du linge, tout est allé mieux : une seule corbeille de linge > quand c’est arrivé à niveau, j’ai une machine, paf je l’étends > puis je range tout le linge dans un seul dressing. C’est devenu super simple et je n’ai plus de problème de gestion du linge.
Il faut penser en tant que fainéant : qu’est-ce que je peux simplifier au maximum pour faire le moins d’actions possibles chez moi ? J’incite les gens à être fainéants haha.
Enfin, après tout ça, il y a un suivi : je prends des nouvelles pour savoir comment ça s’est passé par la suite, et je demande s’il y a besoin de nouvel accompagnement, de nouveaux conseils ou autre pour gérer certaines choses.
Isis : J’avais vu un documentaire sur les Home Organizers qui achetaient plein de conteneurs de rangement pour leurs clients. Est-ce que tu inclus ça dans ta démarche ?
Sophie : Je n’ai pas eu à le faire car je n’ai pas eu de demande et je ne suis pas trop là-dedans non plus. Je suis plutôt dans l’idée de réduire les rangements, car plus on a de rangements, plus on a envie de les remplir.
Puis je suis plus dans l’idée “récup’” donc aller acheter vingt caisses en plastique Ikea, ça ne me convient pas. Des cartons, ça le fait très bien. Je peux proposer des idées de réorganisation de rangement, mais je ne suis pas dans cette hyper consommation d’aller acheter plein de rangements/placards.
En plus, ça, c’est dans l’idée d’aller très vite. Ikea a de très bonnes idées, on peut s’en inspirer, il y a beaucoup de rangements très intéressants chez eux, mais je pense que ce n’est pas nécessaire.
Isis : moi c’est pareil, je trouve que le désencombrement est une démarche écologique et ça ne me parlait pas d’acheter plein de rangements ou de faire rentrer des boîtes en plastiques, en plus achetées neuves. Et à la fois je me sentais en dilemme car, parfois, faire du désencombrement c’est se rendre compte qu’il y a plein de choses qu’on n’aime pas, donc s’en débarrasser, et les racheter autrement.
Isis : Toi qui es sensible à l’écologie, comment est-ce qu’on peut ne pas trop se culpabiliser si on fait rentrer de nouveaux habits ou de la nouvelle vaisselle ?
Sophie : Moi je l’aborde par l’artisanat. Dans ma cuisine, j’ai des bols faits par une potière, en céramique. J’en ai même eu sur commande pour faire des ramens parce qu’on en fait souvent. C’est un bel objet, neuf, mais qui a été fait par quelqu’un, qui a une histoire. En plus c’était une amie, donc on l’a invitée à la maison manger un ramen !
En seconde main, on ne trouve pas toujours ce qu’on veut, ce n’est pas toujours évident. Soit ça ne nous dérange pas plus que ça, on n’a que l’utilité de l’objet. Soit on relooke l’objet si on est habile de ses mains. Soit on peut aller vers du neuf, mais moi je dirige plutôt vers l’artisanat car j’aime beaucoup le côté fait-main, l’histoire avec l’objet. Et puis je crois beaucoup au petit commerce local, au lieu d’une grosse usine qui fabrique des milliers d’objets ; qu’il y ait plein de petites personnes qui fabriquent des objets eux-mêmes.
Faut-il se former pour devenir Home Organizer ?
Pour apprendre le Home Organizing, Sophie a suivi une formation de cinq jours en Belgique avec Elodie Wery.
Isis : Dans ta formation, as-tu vu les aspects psychologiques du désencombrement ? (par exemple, quelqu’un qui accumule énormément par peur du manque)
Sophie : Ça a été abordé. Moi je suis en train de chercher un peu pour approfondir car c’est un aspect qui m’intéresse beaucoup. Le désencombrement, ce n’est pas juste vider et faire du rangement. Certains clients imaginent ça, que je viens ranger. Non, je peux transformer une maison et ce sera tout bien tout rangé en une journée mais le lendemain ce sera la bazar, ça n’a pas de sens de faire ça. S’intéresser à la personne, explorer ce côté psychologique, c’est intéressant ; mais pas le côté maladie, ce sera trop pour moi.
Isis : Est-ce que tu penses qu’on peut faire ce métier sans formation ?
Sophie : Oui, je pense qu’on peut le faire sans formation. Moi j’étais presque prête à le faire. Mais la formation m’a quand même apporté de sacrés points de vue.
C’est possible si on est assez habile pour analyser son expérience personnelle si on l’a fait pour soi ; si on est assez à l’écoute des gens ; plein de bon sens. Je pense que ça peut se faire, qu’on peut apporter ça aux gens sans formation.
Après je pense que ça apporte un plus d’être formé sur certaines choses, ça donne des pistes. C’est un plus mais il y a moyen de faire sans.
Isis : Pourquoi as-tu choisi de faire une formation ?
Sophie : Pour avoir des billes pour commencer, savoir comment mettre en place, comment faire pour se faire connaître. Après c’était une formation rapide sur 5 jours, j’allais pas non plus apprendre des choses énormes mais c’était un plus.
On peut faire plein de choses tant qu’on est honnête et transparent sur ce qu’on a fait, son parcours ; que les clients qui viennent à nous savent ce qu’on a fait. Moi ils savent que j’ai fait UNE formation. Je n’ai pas suivi la formation Marie Kondo, avec plein d’étapes et de validations. Mais je le dis. Après, ça plaît, ou ça ne plaît pas. Mais tant qu’il y a cette transparence, il n’y a pas de soucis là-dessus.
Modèle économique
Isis : As-tu des clients ?
Sophie : Je n’en ai pas beaucoup. Je me suis formée en 2020. J’étais encore salariée à ce moment-là. J’ai eu une rupture conventionnelle quelques mois plus tard. En même temps, je suis tombée enceinte donc le projet a été reporté, et de beaucoup car j’ai eu des jumelles donc ça a étendu la chose, ça a mis du temps à se mettre en place. J’avais l’idée de travailler en même temps que j’avais un bébé, la douce illusion… Il y en a eu deux donc c’était une double illusion de penser pouvoir mener de front tous les projets.
Depuis septembre 2022, j’ai mis les bouchées doubles pour m’y mettre. Là j’ai quelques clients.
Isis : Comment ces clients arrivent jusqu’à toi ? Qu’as-tu mis en place ?
Sophie : Pour l’instant c’est uniquement via le bouche à oreille. J’ai mis en place une newsletter, je communique sur Instagram et j’en parle beaucoup autour de moi.
Dans la formation, on m’a appris à faire des réunions, en présentiel, de présentation de l’activité, pour y prendre les contacts et que ça fasse comme ça. Comme les réunions Tupperware mais pour présenter le Home Organizing.
Moi ce n’était pas une formule qui me convenait, je ne sais pas comment aller les chercher comme ça, donc je ne le fais pas pour l’instant.
Isis : Qu’est-ce qui fait que les clients sont prêts à payer ?
Sophie : Ils sont conscients de leur encombrement, qu’ils ont trop d‘objets, mais il peut y avoir plusieurs blocages pour lesquels ils ont besoin d’aide.
Blocage #1 : ils ne savent pas par où commencer, voire sont effrayés par l’étendue du projet
Blocage #2 : ils y arrivent mais se réencombrent très vite. Il manque une étape quelque part. Selon moi, c’est la réflexion préalable pour savoir pourquoi on encombre, quels sont les schémas.
Blocage #3 : ou alors le frein est “qu’est-ce que j’en fais ? Je n’ai pas envie de jeter, il y a des choses en état”. Donc il y a un accompagnement sur ce qu’on en fait après : ce qui est usé/abîmé, on a le droit de le jeter ; où les donner, où les transmettre. Là aussi, on va chercher à prendre conscience de pourquoi on a fait rentrer les objets chez nous : “j’ai peut-être fait une erreur en l’achetant”. Ne pas garder cet objet et s’encombrer des années parce qu’on a fait une erreur à un moment donné. Tant pis. On ne va pas subir un achat.
Ce sont surtout des choses de valeur : “j’ai investi 100 euros dans tel objet, je me rends compte 3 mois après que je ne m’en sers pas, mais j’ai investi donc je peux pas le jeter”. Si si, car l’énergie et la place que ça prend dans la tête sont énormes par rapport à cette centaine d’euros, qui peut être récupérée si c’est vendu.
Je vois beaucoup les objets en termes d’énergie. C’est une ancre d’énergie qui va être posée quelque part. Il faut la laisser partir et s’alléger à ce niveau-là.
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Je n’ai pas eu à convaincre et je n’ai pas envie de le faire. J’ai envie de mettre l’énergie dans la création de mon projet et comment j’ai envie de travailler plutôt que dans le fait de convaincre.
Isis : Je pense que ça se passe comme ça de façon générale. Ton compte Insta éveille des gens, qui vont se poser la question ; les meilleurs clients sont ceux qui savent déjà qu’ils ont besoin de ça.
Isis : As-tu l’impression que tes prix sont justes (pour toi, pour tes clients) et qu’ils vont te permettre de gagner suffisamment d‘argent ?
Sophie : L’Exploration (2h de diagnostic avec compte-rendu) coûte 160€. Pour moi, c’est juste au niveau investissement/temps de travail, c’est pile poil. Je me dis qu’il faut que ça reste abordable car c’est une porte d’entrée vers mon travail/
Pour mon accompagnement de plusieurs séances, “L’aventure”, justement, je suis en pleine réflexion pour la suite.
L’offre contient la demi-journée qui comprend l’exploration + une demi-journée d’accompagnement + un suivi sur un mois de la zone concernée.
En une demi-journée, on s’occupe d’une pièce ou d’une zone.
L’Aventure coûte 260€. Je suis en train de me dire que ce n’est pas assez. Car, par rapport à la viabilité de l’activité, ça veut dire qu’il faut que je trouve des clients en permanence, ce qui revient à en chercher en permanence. Et là, le ratio temps/financier, je ne peux pas le tenir.
Donc je pense à faire de petits ateliers thématiques en ligne que je puisse faire en direct et vendre pour les gens qui sont plus autonomes. Il y a des gens qui n’ont pas besoin de la présence de quelqu’un mais qui peuvent se débrouiller juste avec des infos.
Ce format serait bien aussi pour avoir des revenus passifs.
Isis : Opères-tu dans ta ville, une zone géographique délimitée ou bien fais-tu des séances en ligne aussi ?
Sophie : Là je fais en ligne aussi car le bouche-à-oreille qui fonctionne est avec des personnes dans toute la France, donc justement, là, je suis en train de tester en visio car je n’avais testé qu’en physique pour l’instant.
Ça peut marcher car je me rends compte que cette phase de tri, ce n’est pas moi qui la réalise. Je pense que la visio a du potentiel. Ça m’arrange pour mon mode de vie car j’ai choisi de consacrer du temps à mes filles.
Isis : Est-ce que tu te verrais ne plus du tout aller chez les gens ?
Sophie : Ça m’embêterait un peu. J’aime bien rencontrer physiquement les gens et aller sur place. J’aimerais qu’il y ait un peu des deux.
Isis : Comment envisages-tu la viabilité de cette activité ?
Isis : En résumé, tu as dit :
- Augmenter le prix de l’Aventure, pour éviter de devoir sans cesse chercher de nouveaux clients, et pour un meilleur ratio temps/argent ;
- Faire des accompagnements en visio pour étendre la zone géographique dans laquelle tu peux trouver des clients ;
- Créer des ateliers en ligne pour augmenter les revenus, et créer des revenus passifs.
Penses-tu à autre chose ?
Sophie : Je voulais reprendre la partie création : vendre mes créations et que ça reparte, qu’il y ait un autre revenu parallèle. Mais pour le moment je n’arrive pas à m’y mettre, c’est délicat au niveau temps donc j’attends.
Sinon pour l’instant j’ai pas encore d’autres solutions/idées
Isis : Peut-être que celles que t’as eues vont suffire, on n’a peut-être pas besoin d’anticiper mille choses.
Isis : Comment fais-tu pour subvenir à tes besoins financièrement en attendant ?
Sophie : Je suis actuellement subventionnée par Pôle Emploi. J’ai encore quelques mois d’allocations devant moi. J’ai été salariée avant, c’est un point positif. Ça joue beaucoup.
Mon compagnon aussi s’est lancé : on était tous les deux en création, avec Pôle Emploi.
Même si ce n’est pas un apport énorme chaque mois, c’est quand même un revenu qui permet de survivre. C’est cool de ne pas se dire “Qu’est-ce que je fais pour gagner de l’argent ?” mais plutôt “Qu’est-ce que j’ai envie de faire pour m’épanouir ?”. Car, si j’ai arrêté le salariat, ce n’est pas pour reprendre un truc que je n’aime pas, qui me prend la tête. Ça permet de ne pas se concentrer que sur l’argent.
Écosystème
Isis : Y a-t-il beaucoup d’autres personnes qui font ça en France aujourd’hui ?
Sophie : Oui, il y en a pas mal. J’en vois beaucoup sur Instagram qui se regroupent. Il y a une grosse “ligue de rangement” et un autre groupe. Moi je ne les ai pas rejoints, je voulais me dépatouiller toute seule. Car, au début, je me suis engluée en allant voir le travail des autres
Mais ça se développe pas mal. J’ai eu un gros doute quand j’ai fait ma formation : est-ce que je forme à former d’autres personnes ? Est-ce que je suis tombée dans ce piège-là ? Ou est-ce qu’il y a vraiment la place pour aider les autres à vraiment ranger ?
C’est pour ça que j’ai réintroduit l’artisanal pour qu’il y ait le “faire”. J’apprends aux gens à faire le tri, ce n’est pas moi qui le fais. Moi j’apporte un regard extérieur, je soutiens, j’aide, je transmets quelque chose aux personnes pour les aider et qu’elles se débrouillent après.
J’ai mis du temps à comprendre : comment aller trier chez les gens alors que ce n’est pas moi qui fais ? On m’a fait la réflexion “Tu fais rien là”. Ben non, car c’est pas moi qui peux faire ces choix, je m’occupe plutôt de la maintenance : cartons, sacs (qui est pas la partie la plus fun de l’activité)
Conclusion
Isis : qu’est-ce que tu aimerais dire, en tant qu’entrepreneure, à des gens intéressés par ça, ou un truc positif/difficile pour toi dans ce début d’expérience ?
Sophie : Il y a plein de choses difficiles mais j’invite à ne pas lâcher l’affaire. J’ai eu une phase de creux, je ne trouvais pas de clients. Bon ben je trouve autre chose.
Trouver sa manière de faire : faire confiance à sa personnalité, se faire confiance. C’est valable dans chaque métier : mettre de la personnalité dans ce qu’on fait car on va attirer certaines personnes. J’ai été trop vague en disant “ce que je fais c’est génial, je peux aider tout le monde”. Si je veux que les gens accrochent avec moi, il faut que je montre MA particularité, mon savoir-faire à moi. On peut pas aider tout le monde mais il y a du monde à aider.
Moi je n’ai pas eu peur de me lancer dans l’entrepreneuriat. J’avais déjà une entreprise pour la création. Ça marchait moins, je l’ai fermée. Là, il faut que j’en rouvre une pour faire cette activité.
J’ai des peurs de ne pas avoir assez d’argent, dans la manière de faire, mais ça n’a pas été l’entrepreneuriat en lui-même. Ça ne m’a pas freinée, ça m’a paru normal en fait, comme si j’allais postuler à un nouvel emploi.